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Sylvie Bourgeois Harel est une femme absolument épatante qui vous met tout de suite à l’aise dès la première rencontre car elle vous accueille d’un sourire chaleureux. Femme de lettres, elle excelle dans l’écriture, son dixième roman a été publié en juin dernier. Scénariste elle collabore avec son mari le réalisateur Philippe Harel, mais c’est aussi une femme engagée notamment dans la défense d’une agriculture écoresponsable. Depuis 2017 Sylvie Bourgeois Harel réalise une web-série écologique et éducative, diffusée sur sa chaîne You Tube, avec pour personnage principal Marcelline l’Aubergine.

Sylvie Bourgeois Harel nous fait l’amitié de répondre à cet entretien qui vous permettra de mieux la connaître et l’apprécier.

Depuis quand écrivez-vous ? Et comment ?

J’écris depuis 2003, date de la publication de mon premier roman Lettres à un monsieur. Je l’ai écrit en un mois à l’hôtel du Dragon à Saint-Germain-des-Prés où je m’étais installée avec seulement mon ordinateur et une imprimante, je ne faisais que ça, jour et nuit, j’écrivais. Les éditions Blanche l’ont acheté dès qu’ils l’ont reçu, en une heure, je crois. Après sa parution, j’ai décidé d’en écrire un deuxième, la première phrase était : « je veux rencontrer le futur homme de ma vie, vivre, travailler et fusionner avec lui. » Une semaine plus tard, je rencontrais Philippe qui allait devenir mon mari.

J’écris le matin dès que je me réveille et j’arrête lorsque je suis fatiguée ou si je m’ennuie. Quand je commence un roman, je ne fais rien d‘autre que d’écrire.

Quelle place a l’écriture dans votre vie ?

L’écriture prend toute la place, même quand je n’écris pas, j’écris quand même. J’apprécie d’ailleurs le calme et la solitude que l’écriture m’impose. Depuis que j’écris, je n’ai plus peur de mourir.

Vous avez écrit plusieurs romans qui racontent les histoires de Sophie : « Sophie à Cannes », « Sophie au Flore », « Sophie a les boules », « Sophie à Saint-Tropez ». Qu’a-t-elle de particulier cette Sophie ?  Y-a-t-il un peu de Sylvie dans cette héroïne ?

J’ai commencé cette collection de Sophie chez Flammarion. J’avais envie de me permettre d’écrire des comédies. J’aime rire et faire rire. À chaque début de roman, Sophie, qui a toujours 40 ans, souffre d’une rupture amoureuse et décide de changer de vie afin de donner du sens à son existence.

Sophie est courageuse, spontanée, joyeuse, drôle, très drôle même, absolument pas convenue, et fidèle à ses valeurs. Elle aime dire que son ambition est d’être humainement fréquentable. Figaro Madame avait d’ailleurs titré son (leur) article sur mes Sophie : « Entre Rastignac et Madame Bovary, il y a Sophie. »

Sophie a mon état d’esprit, mais ce n’est pas ma vie, excepté le fait que, moi aussi, à 42 ans, j’ai changé de vie, radicalement, du tout au tout. Je place Sophie dans des milieux qu’elle ne connaît pas, mais que je connais très bien afin de pouvoir les décrire avec exactitude : le Festival de Cannes, Saint-Germain-des-Prés, Megève, Saint-Tropez.

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Vous venez de publier votre dixième roman « Tous les prénoms ont été changés », quel est le thème de ce livre ?

Il aurait pu s’appeler Trois actes de violence. C’est une histoire d’amour entre Madeleine et Victor, mais cet homme est d’une jalousie maladive. Le roman commence à Saint-Jean-de-Luz où Madeleine vient se réfugier pour fuir Victor qui l’a, une fois de plus, frappée. Jusque-là, elle restait pour le soigner, l’aider, le comprendre, le consoler. Au bar du Grand Hôtel, Madeleine rencontre un inconnu à qui elle va raconter. Tout lui raconter.

Ce roman a-t-il une importance particulière parmi tous ceux que vous avez écrits?

Il est important dans le sens où il m’amène au suivant que je suis déjà en train d’écrire. J’ai arrêté d’écrire pendant 4 ans entre 2016 et 2020, plus jamais je ne ferai une telle coupure.

Pourquoi avez-vous créé en 2017 le personnage de Marcelline l’Aubergine, votre inséparable « copine », qui est devenue une véritable influenceuse sur les Réseaux Sociaux ?

Parce que la confiscation du vivant par les grands groupes céréaliers qui sont soutenus par les gouvernements du monde entier, me choque et m’inquiète gravement. La prochaine étape sera quoi, de faire payer l’air que nous respirons, le sperme et les ovules lorsque les couples voudront un bébé ? Depuis que l’agriculture a été industrialisée, 75% des semences reproductibles ont disparu du patrimoine mondial.  En tant que femme qui a décidé de ne pas faire d’enfant, je trouve cohérent de m’engager à préserver ces semences reproductibles qui sont la base de notre vie et de notre survie sur la terre.

Marcelline est ma réponse à mon besoin de parler de la nature, je le fais de façon drôle, joyeuse et surtout non-culpabilisante pour donner envie aux internautes de s’intéresser à la beauté de la nature, de la protéger, de la respecter, de s’émerveiller. Je ne prononce plus jamais le mot écologie qui est devenu un dogme pour culpabiliser et taxer les gens sans qu’aucune véritable mesure pour freiner la pollution industrielle ne soit prise.

Avec Marcelline, je retrouve l’indépendance que j’ai avec l’écriture, elle est toujours dans mon sac, je la filme avec mon téléphone. Puis la deuxième partie du travail commence à la maison, doublage de la voix de Marcelline avec un comédien, musique, mixage et montage avec le logiciel de montage video Avid.

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Sylvie et Marcelline l’AubergineSylvie, Marcelline et les ânes leurs amis Sylvie et son chat Lumière du Sud

Quel est l’objet de l’association « Avec Sylvie on sème pour la vie » ?

Mon association « Avec Sylvie on sème pour la vie » a pour vocation de préserver les semences reproductibles et d’inciter les gens à planter des potagers afin de retrouver une autonomie alimentaire. Mon objectif est de créer, l’idéal serait avec le Prince Albert II, un Conservatoire de semences reproductibles à Monaco, où je suis née.

Il en existe un seul au monde à Saint-Pétersbourg, le Conservatoire Nikolaï Vavilov, du nom du plus grand botaniste russe que Staline, en pleine propagande, a envoyé à la prison de Saratov où il est mort à 56 ans. Mon projet inclut la création de plusieurs potagers qui alimenteront le Conservatoire de plantes, légumes, fruits, céréales qui pousseront et se reproduiront de façon naturelle sans pesticides, ni antibiotiques, ni produits chimiques.

Qui est Patrice de Colmont que vous mentionnez souvent et quelles actions menez-vous avec lui ?

Patrice de Colmont est un exploitant de plage et restaurateur ramatuellois que je connais depuis 1984. Il a hérité de ses parents, avec son frère aîné, aujourd’hui décédé, et sa sœur, d’un ravissant restaurant sur la plage de Pampelonne, à Ramatuelle, le Club 55, où j’ai dû déjeuner des centaines de fois.

Jusqu’à fin février 2021, j’ai travaillé pendant quatre ans et huit mois dans sa propriété agroécologique du château de La Mole. Son objectif était de rendre son domaine le plus autonome possible avec potager, vignes, phyto-épuration (les plantes nettoient les eaux usées), piscine naturelle, panneaux solaires… En tant que citadine, même si ma mère m’a transmis l’amour de la nature, j’ai beaucoup appris durant cette expérience. J’avais d’ailleurs très envie d’aller plus loin dans ce retour à la nature avec la création d’un potager médicinal et d’un sanctuaire pour protéger les loups, mais cela ne faisait pas partie des projets du propriétaire.

Patrice de Colmont est également le partenaire historique de « Marcelline l’aubergine » d’où les nombreuses interviews que l’on trouve de lui sur ma chaîne YouTube, en effet, notre contrat stipulait que je devais mettre en avant ses trois lieux, son restaurant, le domaine de La Mole et la ferme des Bouis. Il est très fier que je sois devenue écrivain, d’ailleurs, en mars 2021, il m’a renouvelé la promesse qu’il m’avait faite en 2016 que nous écrivions ensemble l’histoire du Club 55.

Sylvie Bourgeois Harel et Patrice de Colmont

Quels sont les lieux que vous affectionnez particulièrement et qui peuvent être des sources d’inspiration ?

La mer, la nature, être en compagnie d’animaux. J’ai adoré Paris, les sorties, les restaurants, les soirées, l’énergie de la ville, la pluie qui me faisait me précipiter au Café de Flore pour boire un chocolat chaud avec une brioche, maintenant, j’ai besoin d’être souvent au bord de la Méditerranée, je passe beaucoup de temps à Ramatuelle où je me baigne tous les jours, été comme hiver. Quant à mon inspiration, elle prend sa source dans le bas de mon ventre où il y a de la douleur. Une douleur que j’essaye de transcender.

En tant que scénariste, comment se passe la collaboration avec votre mari le réalisateur Philippe Harel ?

Avec Philippe, lorsque nous nous sommes rencontrés, il y a 15 ans, nous avions été très tentés d’écrire un film d’amour en s’inspirant de notre histoire, mais un film d’amour ne peut être construit qu’avec des obstacles, des drames. À la fiction, nous avons préféré la réalité de vivre notre amour. Néanmoins, nous avons co-écrit ensemble plusieurs scénarios, Les randonneurs à SaInt-Tropez avec feu notre ami Éric Assous, et Mémoires de Mai, un documentaire pour Canal+ sur mai 68, avec Édouard Waintrop. Nous avons également adapté des romans notamment Une vie Française et Une année sous silence, de Jean-Paul Dubois, et aussi mon livre En attendant que les beaux jours reviennent, mais ces trois projets n’ont pas vu le jour

Sylvie Bourgeois Harel et Philippe Harel 

Avez-vous un rêve, un projet que vous aimeriez tout particulièrement réaliser ?

Comme mon cœur est partagé en deux, d’un côté la littérature, de l’autre la nature, mon ambition est d’écrire le plus beau roman d’amour qui soit, tandis que mon rêve est de créer une ferme thérapeutique afin d’accueillir les personnes qui souffrent psychologiquement, je suis persuadée qu’être au contact de la nature et des animaux est le meilleur remède pour reprendre goût à la vie.

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