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Entretien avec Thierry Frémaux

Entretien avec Thierry Frémaux, réalisé par Milvia Pandiani-Lacombe

Entretien avec Thierry Frémaux, Directeur général de l’Institut Lumière à Lyon, Directeur du Festival Lumière, Délégué général du Festival de Cannes.

Le Festival Lumière de Lyon a fêté cette année sa dixième édition.Thierry Frémaux, Directeur du Festival, revient sur la création de cette manifestation et sur les évolutions qui expliquent ce succès. C’est aussi l’occasion de rappeler le rôle des Frères Lumière dans l’histoire du cinématographe et d’évoquer le travail de l’Institut Lumière.

En 2009, avec le réalisateur Bertrand Tavernier, Président de l’Institut Lumière vous avez créé Le Festival Lumière, festival de cinéma de la ville de Lyon. Quelles ont été vos motivations à la création de cette manifestation ?
Lyon est la ville natale du Cinématographe Lumière mais a longtemps ignoré son patrimoine. En 1982, l’Institut Lumière fut créé – j’y débutai comme bénévole. En 1995, nous y avons célébré avec faste, le centenaire du cinéma. En 2001, je suis arrivé à Cannes et me suis concentré sur ma tâche de Délégué artistique du Festival. A Lyon, on continuait à penser qu’il manquait un événement annuel pour rassembler la ville autour du cinéma et pour développer l’Institut Lumière. Avec Bertrand Tavernier, nous y avons lancé le Festival Lumière en 2009.

Quelle est la particularité du Festival Lumière qui se tient chaque année en octobre et dont la notoriété est devenue internationale ?
Pendant que la ville natale du cinéma était inactive, de nombreux festivals ont vu le jour, dont le plus célèbre d’entre eux, celui de Cannes. Des festivals de toute nature, inventifs, pleins de succès. Nous arrivions donc dans un monde fortement encombré. Il fallait trouver une identité forte, liée à l’esprit des lieux. Il y en avait deux : le cinéma français car nous faisons un gros travail dans ce domaine à l’Institut Lumière et l’histoire du cinéma, parce que c’est là qu’elle a commencé, rue du Premier-Film à Lyon. Nous avons choisi cette approche, car c’est la mission d’une cinémathèque comme l’Institut Lumière. De surcroît, après avoir créé la section Cannes Classics du Festival de Cannes en 2004, je savais qu’il fallait honorer tous ceux qui s’occupent de préserver et de restaurer le patrimoine, les archives, les ayant-droits, les producteurs, les distributeurs, les cinéphiles, les revues, etc.
Et aussi de développer cette notion de cinéma classique : c’est un adjectif qu’on associe à la musique, la littérature et la peinture mais pas au cinéma. Après 120 d’histoire de cet Art, il était temps de le faire.

Y a-t-il une grande différence entre votre travail de Directeur du Festival Lumière et celui de Délégué général du Festival de Cannes ?
Oui, il y a de nombreuses différences dont celle-là : le Festival de Cannes est dépendant du cru, de la production cinématographique de l’année ; à Lyon, la programmation potentielle est quasi-infinie. Mais dans les deux cas, je mets toute mon énergie au service des auteurs, des films et du public. Et ces deux activités s’enrichissent mutuellement : il est difficile d’apprécier le cinéma contemporain sans en connaître l’histoire ; il serait facile de se laisser aller « c’était mieux avant ». Découvrir chaque année, en vue de la sélection cannoise, la vitalité de la production mondiale vous guérit de toute nostalgie excessive.

Quels ont été les temps forts de cette 10e édition particulièrement réussie du Festival Lumière, “Le rendez-vous mondial du cinéma classique” ?
Les deux rétrospectives autour de Muriel Box, une cinéaste anglaise inconnue du grand public, et de Henri Decoin, un réalisateur français dont on a redécouvert la qualité du travail. Il n’est pas seulement le réalisateur de Razzia sur la Schnouf ou de La Vérité sur bébé Donge mais aussi celui de nombreux films qui étaient des succès à l’époque et qui sont devenus des classiques.
Les présences de Liv Ullmann ou de Javier Bardem, comme celles des réalisateurs Peter Bogdanovich et Claude Lelouch, ont permis au public de les ovationner. Et puis bien sûr, la célébration de l’actrice Jane Fonda, qui a reçu le 120e Prix Lumière fut un extraordinaire moment. Elle a participé de manière très active au festival, présentant des films, donnant des conférences ici et là, allant sur des sujets sociétaux dépassant le seul cinéma – ce que Jane Fonda a donné au festival et au public pour cette 10e édition est totalement unique.

Quels sont les objectifs que vous vous donnez pour les éditions futures du Festival Lumière ?
De continuer !