Entretien avec Muriel Mayette-Holtz
Entretien avec Muriel Mayette-Holtz, réalisé par Milvia Pandiani-Lacombe
L’Alliance française de Trieste va à la rencontre de personnalités du monde culturel, des médias, de l’institutionnel, afin de vous faire partager leur actualité, leurs actions, leurs projets.
Réalisé par Milvia Pandiani-Lacombe, Conseillère Culturelle de l’Alliance française de Trieste.
Comédienne, Metteur en scène, Administratrice Générale de la Comédie-Française, et actuellement Directrice de l’Académie de France à Rome - La Villa Médicis, Muriel Mayette-Holtz nous fait part de son expérience à la tête de cette institution culturelle, de ses initiatives, et de ses projets. Ce qui touche tout particulièrement quand on la rencontre, c’est son empathie, son sourire, sa générosité et sa disponibilité. Muriel Mayette-Holtz sait nous faire partager sa passion pour les Arts. Elle est une parfaite ambassadrice de cette magnifique institution : La Villa Médicis.
Vous avez pris vos fonctions de Directrice de la Villa Médicis en septembre 2015. Quel a été votre état des lieux, et quelles ont été vos premières mesures en faveur de cette institution historique exceptionnelle située dans un lieu tout aussi exceptionnel ?
En premier lieu, j’ai voulu découvrir en profondeur cette institution, son fonctionnement et son histoire. J’ai rapidement compris que la Villa Médicis était “fantasmée” par méconnaissance en France et que peu de gens connaissaient réellement ses missions. J’ai donc œuvré pour que les pensionnaires soient remis au cœur de l’institution. J’ai ainsi clarifié leur statut, j’ai augmenté progressivement leur nombre (pour l’instant, de quatorze à seize, avec l’objectif d’atteindre une promotion de vingt pensionnaires dans le futur). En outre, il m’a semblé essentiel de construire une programmation culturelle dont les pensionnaires seraient la pierre angulaire.
Quelle est la vocation première de l’Académie de France à Rome ? Quels sont les publics qui sont concernés par les activités de la Villa Médicis ?
L’Académie de France naît pour accueillir à Rome les plus grands artistes français. Cette vocation première, appelée mission Colbert, a été complétée plus récemment par deux autres missions : la mission Malraux, de programmation culturelle, et la mission Patrimoine, pour protéger et valoriser le trésor qu’est la Villa Médicis. Mon ambition est de créer une réelle fluidité entre ces trois missions pour les partager avec les publics français, italiens et internationaux de tous les horizons.
Dites-nous comment sont organisées vos journées à la Villa Médicis, quelles sont vos obligations ? Et aussi comment vivez-vous votre installation dans ce lieu extraordinaire ?
Je n’ai pas vraiment de journée type, mais mon travail s’articule autour des pensionnaires, de mon équipe, des merveilleux artistes que nous avons la chance d’accueillir tous les jours à la Villa. Vivre dans un tel environnement c’est faire l’expérience de la beauté, sous toutes ses formes, sans cesse renouvelée.
Vous êtes la femme des premières fois : première femme à être nommée Administratrice Générale de la Comédie-Française, première femme Directrice de la Villa Médicis. Votre sensibilité et votre parfaite connaissance du monde artistique sont des atouts considérables pour mener à bien vos missions, mais comment abordez-vous ces responsabilités qui sont de vrais défis à relever pour des institutions culturelles aussi importantes ?
Je suis convaincue de la nécessité de choisir des artistes pour diriger des institutions culturelles. Particulièrement, quand elles sont de véritables maisons d’artistes à l’instar de la Comédie-Française et de la Villa Médicis. Ma responsabilité c’est avant tout de défendre un service public culturel toujours animé par un souci d’ouverture et de partage.
Que pensez-vous du mouvement 50/50 pour 2020 en faveur de l’égalité femmes-hommes ?
Je crois qu’il est nécessaire de travailler à un tel équilibre et ce n’est que par des gestes concrets que celui-ci pourra réellement exister. Par exemple, je suis très fière de vous annoncer que cette année, pour la première fois dans l’histoire de l’Académie de France à Rome, la promotion 2018-2019 des pensionnaires sera majoritairement féminine.
Quelle est la durée de votre mandat et quels sont vos projets à venir ? Avez-vous un souhait particulier à formuler ?
Mon premier mandat s’achèvera en septembre 2018. Je souhaite vivement pouvoir poursuivre ma mission à la Villa, afin de garantir une visibilité toujours plus forte de cette institution extraordinaire en France.
En septembre 2016, Muriel Mayette-Holtz a lancé ¡VivaVilla !, un festival de résidences d’artistes, en association avec la Casa de Velázquez à Madrid et la Villa Kujoyama à Kyoto, qui permet au public français de découvrir à Paris les œuvres récentes d’artistes accueillis par ces trois grandes institutions. Elle a également mis en place Les jeudis de la Villa. Questions d’art, un cycle de rencontres hebdomadaires ouvert gratuitement au public qui interroge la création contemporaine en invitant des artistes de toutes disciplines. Cette programmation, assurée en français et en italien, rencontre un grand succès dans la vie culturelle romaine. Elle organise un projet d’exposition d’art contemporain visant à mettre en valeur de grandes artistes femmes. En outre, elle a créé Le Cercle des Bienfaiteurs, qui réunit les particuliers et les entreprises qui souhaitent s’associer aux activités culturelles de l’Académie, participer à l’entretien et à la mise en valeur de son patrimoine, ou encore soutenir la résidence d’artistes et de chercheurs.