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Alliance française Trieste

Entretien avec Gilles Jacob

Entretien avec Gilles Jacob, réalisé par Milvia Pandiani-Lacombe

L’Alliance française de Trieste va à la rencontre de personnalités du monde culturel, des médias, de l’institutionnel, afin de vous faire partager leur actualité, leurs actions, leurs projets.

Réalisé par Milvia Pandiani-Lacombe, Conseillère Culturelle de l’Alliance française de Trieste.

M. Gilles Jacob, Président d’honneur du Festival de Cannes, Président de la Cinéfondation *, Président du jury du Prix Louis Delluc*, nous fait le plaisir d’inaugurer cette nouvelle publication, à l’occasion de la sortie récente de son dernier livre, le passionnant “Dictionnaire amoureux du Festival de Cannes” aux éditions Plon.

Avec cet ouvrage, Gilles Jacob nous raconte l’histoire du Festival, mais aussi celle du cinéma mondial, il nous livre des anecdotes savoureuses, nous fait partager ses coups de coeur pour les films, les acteurs et actrices, nous met dans le secret des délibérations du Jury…
C’est drôle, vivant, émouvant. Avec lui nous sommes à la fois dans les coulisses et sur le tapis rouge du Festival ! C’est un voyage unique pour les cinéphiles et le grand public !

A l’instar de son récent ouvrage, le Président Gilles Jacob nous donne, en priorité pour l’Alliance française de Trieste et comme une coda à son Dictionnaire amoureux quelques définitions traitées sur le mode de l’humour :

A comme acteurs, actrices
Gens capables de se transformer sans cesse pour faire vivre des personnages dans lesquels ils répandent des particularités de celui qu’ils connaissent le mieux : eux-mêmes.

C comme cinéphile
Individus généralement mal rasés se faufilant dans les salles obscures pour y humer les classiques du cinéma et se rendant compte, au fur et à mesure que les années passent, qu’ils ne parviendront jamais à tout connaître d’un patrimoine qui augmente à l’infini.

C comme Cinéfondation
Association dont la vocation est de discerner les futurs Fellini parmi les films d’écoles et de fin d’études tout en se demandant si ces infortunés n’auront pas encore plus de difficultés à réaliser leurs films que le vrai.

D comme diversité
Principal remède contre l’ennui particulièrement pour ceux qui n’auraient pas compris par eux-mêmes que la ronde des heures s’accélère avec l’âge.

E comme enthousiasme
Propension à contrebalancer les déceptions de la vie par des bouffées d’euphorie consolatrices.

F comme Festival de Cannes
Festival international de cinéma du sud de la France d’abord destiné à la bonne société locale puis à des amateurs venus du monde entier afin de remplir l’hôtellerie de la Riviera dans les périodes creuses et de promener derrière des barrières métalliques des limousines aux verres teintés transportant des stars un peu lasses. On y montre aussi des œuvres cinématographiques.

F comme film
Produit de l’esprit humain enregistré avec un appareil optique utilisant pour les dialogues un vocabulaire généralement de moins de trois cents mots prononcés par des acteurs parfois doublés par d’autres dans la langue maternelle du spectateur du pays où il est présenté.

G comme Gilles Jacob
Spectateur curieux ayant longtemps fréquenté les salles obscures avant de se consacrer à la littérature, histoire de pondre des dictionnaires ou des récits autobiographiques au lieu de rêvasser dans le bureau-bibliothèque où il est censé écrire.

P comme Palme d’Or
Récompense attribuée chaque année dans un festival international de cinéma du sud de la France par un jury qui change tous les ans à des cinéastes impassibles. Par ailleurs, rapporte gloire et spectateurs.

P comme Prix Louis Delluc
Récompense attribuée chaque année par un jury qui ne change jamais à ce qu’ils ou elles considèrent comme le meilleur film de l’année, ce qu’ils essaient en vain de nous faire croire.

R comme réalisateurs, réalisatrices
Métier où les bonnes chaussures recommandées par Steven Spielberg servent principalement, avant même de piétiner les plateaux de tournages, à arpenter les allées du pouvoir de l’argent où se planquent ceux qui vont le leur refuser.

S comme salle de cinéma
Lieu pas toujours rempli où des adolescents lubriques sous couvert de découvrir les derniers prototypes d’une industrie perpétuellement en crise profitent de l’obscurité pour bécoter la personne qu’ils ont entraînée dans ce guet-apens.

T comme tapis rouge
Revêtement servant à réchauffer le moral d’une population de cinéastes craignant d’être éreintés par la critique internationale et à donner l’impression à ceux qui l’arpentent d’avoir le privilège de découvrir avant tout le monde un film que personne n’ira voir.

V comme vie
Bataille perdue d’avance qu’il n’est, dans ces conditions, pas recommandé de prendre au sérieux.

Depuis plus de 40 ans Gilles Jacob est une figure incontournable du Festival de Cannes. Il connait tout de cette manifestation où il a débuté comme critique de cinéma, qu’il a dirigée en qualité de Délégué général puis de Président. C’est grâce à son action et aux évolutions impulsées, que le Festival de Cannes est devenu le premier Festival cinématographique au monde !


Gilles Jacob est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages dont La vie passera comme un rêve et Le Fantôme du capitaine, chez Robert Lafont, Le Festival n’aura pas lieu chez Grasset.

*1 La Cinéfondation a été créée en 1998 par Gilles Jacob sous l’égide du Festival de Cannes, pour la recherche de nouveaux talents. Chaque année, elle organise à Cannes une compétition de quinze à vingt courts et moyens métrages présentés par des écoles de cinéma de tous pays. Cette année le jury était présidé par Bertrand Bonello. La Sélection comprenait 17 films d’étudiants en cinéma choisis parmi 2 426 candidats en provenance de 512 écoles de cinéma dans le monde. Par ailleurs, La Cinéfondation propose depuis 2000 une résidence à Paris pour les jeunes cinéastes étrangers, et une aide à l’écriture de scénario ; elle organise enfin des rencontres avec des professionnels.
*2 Le Prix Louis Delluc est une récompense cinématographique française décernée depuis 1937. Souvent considéré comme le « Goncourt du cinéma », il est ainsi nommé en hommage à Louis Delluc (1890-1924), réalisateur, scénariste et premier critique de cinéma français, fondateur des ciné-clubs.

Depuis 1999, il s’est vu adjoindre un prix Louis Delluc du premier film.
En 2017 Le 75e prix a été attribué au film Barbara de Mathieu Amalric. Le prix du premier film a été remis à Grave de Julia Ducourneau.

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